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Louis Bernardin (moi) (suite)

 

Il y avait aussi la mort d’Eddie Alarie, qui avait le moulin à battre et qui aidait les fermiers à battre le grain à l’automne. Quand il est mort, il demeurait au village, et je me souviens que moi et d’autres gars de notre groupe, on s’était rendus chez‑lui pour consoler Steve, son garçon. Dans ce temps-là, ils exposaient le corps dans le salon même de la maison et nécessairement, durant les mois d’été, les fenêtres restaient ouvertes, car ça ne prenait pas beaucoup de temps pour qu’il y ait des odeurs dans la maison, surtout après trois jours. Je me souviens que Steve avait ouvert la chemise de son père et nous avait montré la coupure d’autopsie qui avait été cousue un peu rudement.

 

Pour revenir aux loisirs, il ne faut pas oublier les pique-niques paroissiaux d’été : Saint-Eustache, Fannystelle, Saint-François-Xavier, même Saint-Laurent parfois, parce qu’il y avait des tournois de balle dure qui couronnaient les journées de pique-niques. Avec 25 sous, on venait à bout de passer la journée. Moi, ce que je détestais, c’était qu’il fallait tout abandonner vers 16 h 30 ou 17 h pour aller traire les vaches. Il faut savoir que les vaches n’aiment pas qu’on oublie de les traire; même être en retard, c’est grave. Souvent, elles perdent le goût de faire du lait, et si ça se répète trop souvent, elles « sèchent ». Sachant tout cela, il était difficile de les négliger. Quand on revenait, on s’était fait voler nos blondes. Ce n’était donc plus la même chose. L’autre événement important qui revenait toutes les semaines, c’était les films. Dans ce temps-là, c’était monsieur Wyman de Winnipeg qui faisait le tour des paroisses et qui nous apportait de bons films. À Élie, je crois que c’était le jeudi soir. La grande annonce (20’ x 24’) nous annonçait toujours le prochain film, afin de s'assurer qu'il y aurait un nombre suffisant de spectateurs à la prochaine présentation. La première image et la musique nous annonçaient déjà le genre de film, soit une intrigue, soit un western, soit une romance, etc. Les nouvelles de la guerre étaient toujours encourageantes, parce qu’il n’y avait pas de télé encore et moi, j’étais très intéressé à la section des « nouvelles » qui nous donnait un court résumé de l’actualité.

 

J’étais allé à Saint-Eustache un mercredi soir. Je ne me souviens pas du titre du film, mais je me souviens très bien de la série qui était au programme. C’était un spécial. Et en plus, intrigant. Rien d’autre que Zorro! La veillée s’est terminée alors que Zorro avait le pied pris dans l’aiguilleur ferroviaire et qu’avec son fouet, il essayait de lever le bras de l’aiguilleur et de se libérer le pied avant que le train contrôlé par le méchant vienne lui écraser le pied, et peut-être même lui enlever la vie. On nous laissait presque toujours en suspens comme ça. Toute la semaine, je voyais Zorro en danger et je me demandais vraiment s’il était pour survivre. N’oubliant pas que c’était une journée d’école, je pris mon courage à deux mains et demandai la permission à ma mère de me rendre à Saint-Eustache une autre fois. Elle me répond : « Tu peux y aller, mais j’aimerais autant que tu n’y ailles pas! » Bien, j’y suis allé. Mais je dois vous avouer que je n’ai rien vu et que je ne me souviens de rien! Voilà l’emprise qu’avaient nos parents sur nous dans ce temps-là.

 

Durant la même époque, les Sœurs de Notre-Dame-des-Missions non seulement nous faisaient chanter, mais nous avions l’occasion de jouer dans des pièces de théâtre. Sœur Renée s’arrangeait pour que je joue le petit Jésus pendant les pièces de Noël. De la corde à binder (blond) pour les cheveux et tout le kit. Une autre pièce qui me vient à l’idée, c’est celle où je jouais un Monseigneur dans « Gardez votre langue et vous garderez votre foi ».

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Cette compétition provinciale avait eu tellement de succès que nous l’avions répétée chez les Sœurs de l’Académie Saint-Joseph devant le Monseigneur et tout son entourage.

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